« Debout sur le ciel », Paule Du Bouchet
proposé par Eliane Vuillermoz
Chez christian et Blandine Larnaud
« Mon père a disparu. Il ne cesse de s’éloigner. Et pourtant, dans le mouvement même de la disparition, quelque chose de lui ne cesse de se préciser. Le souvenir s’estompe et, dans le même temps, quelque chose s’éclaire à l’intérieur. Comme par l’action du soleil à travers une loupe puissante, le souvenir prend feu. »
"Lu et entendu".
"Tumulte", "Sur les pas", "L'andain" de André Du Bouchet.
"Truinas" de Philippe Jaccotet.
"Emportée" de Paule Du Bouchet.
"La peinture na jamais existé" de André Du Bouchet.
"A train perdu" de Jocelyne Saucier.
"Héritage", "L'inventeur" de Miguel Bonnefoy.
"Alamut" de Vladimir Bartol.
"Puissance de la douceur" de Anne Dufourmantelle
« L'alpiniste », Bernard AMY
proposé par Michel Jamati
Chez Orane Chalvet et Alain Parent
« Quoique personne n’ait jamais su exactement son nom, tout le monde rappelait Tronc Feuillu. Ce devait être quelque chosè comme Tron Fo Oyu, mais la prononciation qu’en donnaient ses compatriotes était trop rapide pour qu’un Européen puisse vraiment la saisir.
Ce surnom n’évoquait pourtant en rien le personnage. Tronc Feuillu était un homme maigre, long, au visage et aux mains d’ascète. Il avait le crâne rasé. Et derrière ses yeux plats d’Asiate vivait un regard à la fois sévère, ironique et doux. On pensait plutôt au tronc d’un de ces arbres des terres australes qui, à travers les flammes des incendies de forêt, paraissent avoir acquis le pouvoir de ne plus pourrir »
"Lu et entendu"
"Sauvage" de Jamey BRADBURY
"Apprendre à voler en 10 000 leçons faciles" de Barbara KINGSOLVER
« Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot », Mika Biermann
proposé par Eliane Vuillermoz
Chez Eliane Vuillermoz
« Le nu est partout, sauf dans la vie. En ville, les femmes se glissent dans leur tub habillées d’une chemise. Dans la chambre, la bougie est toujours soufflée. À la plage, elles doivent se changer dans d’étroites cabines.
Pas aujourd’hui.
Jour de fête. »
"Lu et entendu"
"3 jours dans la vie de Paul Cezanne de Mika BIERMANN
"L'espagnol","Je te cherche vieux Rhone", "Arbres", "Hivers" de Bernard CLAVEL
"Prendre des loups pour des chien" de Hervé Le Corre
"Buveurs de vent" de Franck BOUYSSE
"Quand tu écouteras cette chanson", "la pettite communiste qui ne souriait jamais" Lola LAFOND
« Le Garçon Sauvage », Paolo Cognietti
proposé par Beatrice Morel-Jean
Chez Christian et Blandine , Larnaud
« Il y a quelques années, j’ai eu un hiver difficile. Il me semble inutile aujourd’hui de revenir sur la cause de mon malheur. J’avais trente ans et je me sentais à bout de forces, désemparé et abattu, comme quand une entreprise en laquelle on a cru échoue misérablement. Un travail, une histoire d’amour, un projet à plusieurs, un livre qui a demandé des années d’efforts. A l’époque, imaginer l’avenir me semblait une idée aussi aberrante que de prendre la routé un jour où on a de la fièvre, qu’il pleut dehors et que Ja jauge d’essence est dans le rouge. J’avais beaucoup donné, et où était ma récompense ? Je passais le temps entre les librairies, les magasins de bricolage, le bistrot d’en face et mon lit, d’où je contemplais le ciel laiteux de Milan à travers la lucarne. »
« Les pérégrins », Olga Tokarczuk
proposé par Mao Caty
Chez Christian et Blandine , Larnaud
« Sur l’emballage des serviettes hygiéniques que j’ai achetées dans une pharmacie étaient imprimées ces informations courtes et cocasses :
Le trouble léthologique est l’incapacité de se rappeler le mot dont on a besoin dans l’instant.
La rhopographie –l’attachement particulier d’un artiste à représenter des objets menus et insignifiants dans une Ĺ“uvre picturale.
La rhyparographie –un attrait particulier de l’artiste-peintre pour des sujets morbides ou repoussants par leur laideur.
Léonard de Vinci est l’inventeur des ciseaux.
Dans la salle de bains, lorsque j’ai ouvert ce paquet de serviettes, j’ai eu comme une révélation : et si cela faisait partie de l’ambitieux projet de cette encyclopédie universelle censée contenir tout le savoir des hommes ? Je suis donc retournée dans la même pharmacie, pour chercher d’autres produits de cette étrange société qui avait pris l’initiative de joindre l’utile à l’indispensable.
»
« Le grand feu », Leonor de Recondo
proposé par Eliane Vuiilermoz
Chez Eliane Vuillermoz Lons le Saunier
« C’est au petit matin du 31 mai 1699 qu’Ilaria naît. La sixième de la fratrie à pointer son minuscule corps, parfaitement formé, doigts, orteils, jambes et bras, ventre et organes, tout y est, chevelure et crâne bombé.
Francesca est assise sur un grand fauteuil, bassine et linges attendent leur heure. Elle connaît la douleur, la patience éprouvée, l’étau qui se serre et se desserre, la soif et le vertige.
Il fait chaud déjà, humide à Venise, après une semaine d’averses inexpliquées. Cette pluie augure d’une naissance heureuse, lui a-t-on dit. Un signe d’eau comme la ville, un signe de flottement. Un doux flottement, elle saura naviguer. Elle attend une fille, le pressent.
»
« La Maison », Julien GRACQ
proposé par Orane CHALVET
Chez Orane et Alain , Montmorot
« Sur le fond de mon humeur très sombre, bien plutôt et même avant qu'elle ensoleillât la lande, il se fit tout à coup dans le plein sens du mot une embellie. La contrariété littérale qui avait été, je le sentais maintenant avec force, ma disposition de tout l’après-midi, disparaissait. Un poids de tristesse m’était enlevé. La pluie cessait – inexplicablement réchauffant, un rayon de soleil décoloré coulait à travers les branches : autour de moi, la rumeur fourmillante des bois sous l’averse se figeait goutte après goutte dans le suspens doucement épanoui d’une foule de théâtre, et tout à coup, faisant vibrer la lumière décapée par l’averse, un oiseau chanta sur deux notes transparentes et calmes, de la voix même de l’éclaircie. Tout était léger, ouvert, cristallin, facile – un autre monde – comme si le rideau de pluie brusquement levé m’eut été ce « fondu enchaîné » des films qui soude en une seconde les rues aux forêts et les minutes aux années. Quelques pas plus loin, la maison soudain fut là. »