- Une société se pourvoit
....d' églises, si elle est religieuse,
....de stades ou de Zéniths si elle est laïque
En tout cas elle a besoin de lieux sacrés où peuvent se déployer certains rituels qui lui permettent de respirer un souffle nouveau et régénérateur
....le théâtre est un de ces lieux, entre sacré et profane.
- J'aime les salles pleines!
J'aime un plateau où s'agitent, pleurent, crient, s'aiment, rient, transpirent cinquante acteurs, autant de musiciens et de danseurs
- PIRE ENCORE.... j' attribue au théâtre un certains nombre de fonctions
Le théâtre est le lieu où une société prend le temps de se poser et se réfléchit
Le théâtre est le lieu où se fabriquent les pensées
Le théâtre est le lieu où l'on se donne un peu d'attention
Le théâtre a une fonction sociale de soupape
...L'ancêtre en est le carnaval qui permettait l'inversion des valeurs et des rôles et donc la libération des tensions accumulées
Le théâtre est un lieu d'initiation qui permet l'apprentissage de la société
Le théâtre est le lieu où la violence prend forme pour être sublimée
C' est un lieu d'expérimentation
Le théâtre est, comme la notion de « dieu »: le point de rencontre des utopies d'une société
C'est le lieu du rêve collectif
Le théâtre est le lieu de la magie du geste et du verbe qui nous permet, un court temps, de penser qu'on a prise sur les choses
Le théâtre est un lieu de compensation symbolique des conflits
Le théâtre est le lieu de réhabilitation des abîmés
Le théâtre est donc, avant tout, un lieu de rencontre avec soi, avec les autres, avec soi confronté aux autres
Bref...tout sauf un lieu de consommation.
C'est donc une pratique
...C'est le lieu où la société se met en pratique
C'est donc un lieu qui n'est surtout pas réservé qu'aux professionnels: La cité ne doit pas se contenter de consommer des spectacles, elle doit jouer son propre rôle avec distance.
(Paradoxal de la part d'un professionnel!)
Le théâtre est le lieu rêvé des paradoxes!
Le théâtre , c'est créer à partir de rien un espace où tout l'univers se déploie
...pas de grands décors.
Quelques accessoires et le verbe suffisent pour enfanter l'univers
Une musique, un bruit
Une respiration, une course
Un regard
Un objet éclairé
et le besoin de dire...
Soyons poètes
Après l'élan impulsé par la « décentralisation » prônant, avec lyrisme, la culture pour tous, le partage des connaissances, l' éducation populaire... nous sommes passés à une gestion pragmatique et performante de produits culturels: il ne s'agissait pas que les gens de la cité s'emparent à tout bout de champ des salles de spectacle pour des galas de danse, chorales, représentations amateurs (toute expression d'une culture identitaire) mais promouvoir une idée de la culture de l'excellence et son fonctionnement jacobin, centralisé.
Insensiblement les institutions ont pris les choses en main. Des écoles de management culturel sont nées: la culture est chose sérieuse, trop sérieuse pour être laissée aux mains d'amateurs, même éclairés. Quand des formations naissent, la conséquence est immédiate : il faut qu'il y ait des débouchés pour justifier les formateurs.
Et on a vu insensiblement toutes les structures s'uniformiser.
Les mêmes spectacles , les mêmes modes de la plus petite structure d'Alsace au centre culturel d'Aquitaine!
Nous essayons de penser autrement, à l'échelle d'une région.
Page 27 n'est pas une compagnie de théâtre mais un collectif composé principalement d'une artiste plasticienne et d'un metteur en scène, auxquels se joignent régulièrement un auteur, un musicien, un créateur lumière.
Ce collectif est susceptible d'intervenir en tout lieu, à la demande de structures existantes intégrées à une Cité.
Il travaille avec des acteurs non professionnels prêts à se lancer dans un mode de narration non conventionnel, avec l'exigence que cela suscite.
Une sorte de brigade d'intervention « clefs en main » susceptible de répondre à toute sollicitation.
Les créations professionnelles ne sont pas délaissées pour autant (voir chapitre Girardot de Nozeroy). Mais elles ne sont pas systématiques, elles se distillent au gré des vrais besoins. Nous évitons ainsi le piège des créations artificiellement liées au subventionnement de circonstance.
Christian Pageault, metteur en scène associé